Pas si bêtes, les jeux vidéo

Pas si bêtes, les jeux vidéo

Les jeux vidéo sont un sujet qui divise, pourtant, utilisés à bon escient, ils peuvent être très bénéfiques. Marion Haza – Pery, psychologue clinicienne, spécialiste de l’adolescence à l’Université de Poitiers aborde la question de leurs usages.

© Ludovic TOINEL sur Unsplash
Couché entre ses parents dans leur lit, un enfant en bas âge a le visage éclairé par sa tablette.



Bien qu’ils soient souvent diabolisés et associés à des connotations négatives, les jeux vidéo se sont imposés dans notre quotidien en devenant l’une des formes de divertissement les plus répandues. Ils ne font pas l’unanimité, pourtant ils ne présentent pas plus de risques que toute autre activité. Marion Haza-Pery affirme que « lorsqu’ils sont utilisés en connaissance de cause et de façon modérée, c’est-à-dire associés à d’autres activités, les jeux vidéo peuvent même avoir de nombreux effets bénéfiques. Pour cela, il est primordial de considérer l’âge du·e la joueur·euse car les jeux vidéo peuvent modifier les sens ». D’après Marion Haza-Pery, la télévision et les outils numériques seraient néfastes au développement du bébé. « Jusqu’à l’âge de deux ans, le bébé développe en majorité la vue, le toucher et l’odorat, trois sens qui se développent grâce aux contacts humains. Les jeux vidéo ne peuvent donc rien apporter à cette tranche d’âge. » Elle soutient les propos du psychiatre Serge Tisseron qui est fermement opposé aux chaînes télévisées spécialement développées pour les bébés.

De l’enfance à l’âge adulte

À l’aube de nos vies, nous traversons des périodes critiques de développement des sens. Ainsi, Marion Haza-Pery nous expose les instants clés du développement des sens : « quand l’enfant grandit, et commence à marcher, il privilégie le développement sensorimoteur. Un enfant de cet âge a besoin de courir, de sauter et d’escalader. L’apprentissage de l’écriture, bien qu’arrivant plus tard, dépend en grande partie du bon développement de ces sens. » En effet, pour apprendre à écrire, il faut pouvoir tenir un stylo et donc être capable de préhension. « La pratique intensive des jeux vidéo est déconseillée pour les enfants. » Plus tard, l’école développe la mise en sens et en images mentales. « Ici, les jeux vidéo peuvent prendre une toute autre dimension puisqu’ils participent au développement de l’imaginaire. » Chez les adolescent·es, les capacités motrices sont quasiment abouties, mais les sens sociaux restent à améliorer. « Ici aussi, les jeux vidéo peuvent s’avérer bénéfiques, notamment les jeux en ligne qui participent à la construction de l’identité sociale. »

Une rééducation plus efficace

Dans les centres de rééducation, « les jeux vidéo ont un rôle encore plus important. Avec leur système de récompenses, ils permettent de remotiver les seniors et de rééduquer les patients victimes d’accidents. Le côté ludique et compétitif motive les patients qui, pris par le jeu, sont amenés à compléter leurs séances de rééducation de manière efficace et agréable ». De nombreuses études montrent même qu’ils stimuleraient notre sens de la vue, notre attention et notre concentration.

Les jeux vidéo ne seraient donc pas si mauvais. Ils s’invitent même dans les Ehpad où ils ont des effets très bénéfiques. « Le Scrabble en réseau est par exemple très populaire. Certains seniors s’essayent même à des jeux d’aventure en réseau tels que Zelda, pour découvrir le monde de leurs petits – enfants et ainsi vivre un moment d’échange privilégié. »

Justine RENNO

À Propos De Marion Haza

Marion Haza est psychologue clinicienne, fondatrice et présidente de l’Association de recherche clinique sur l’adolescence (Arcad), secrétaire générale du Collège international de l’adolescence (Cila) et maîtresse de conférences en psychopathologie clinique à l’Université de Poitiers.

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