La bonne entente

La bonne entente

Entendre paraît si simple. Pourtant, l’audition est une suite de rouages complexes que connaît bien Sylvie Lautissier, orthophoniste au Centre hospitalier universitaire de Bordeaux.

Le son parvient à l’oreille par le pavillon. A l’entrée du conduit, l’onde sonore est amplifiée, explique Sylvie Lautissier, jusqu’à faire onduler une fine membrane, le tympan. Le son continue son chemin sous forme de vibration, transmise d’osselet à osselet : le marteau, l’enclume puis l’étrier. « Ce sont les trois plus petits os du corps humain », précise la spécialiste de la surdité.

Le parcours du son ne s’arrête pas là. Au bout de la chaîne d’osselets, l’étrier entre dans un petit trou accédant à l’oreille interne, la fenêtre ovale. En bougeant, il produit ainsi des variations de pression faisant mouvoir le liquide qui remplit l’oreille interne. Dans cette zone, le vestibule sert à l’équilibre tandis que la cochlée est dédiée à l’audition. Celle-ci est formée de canaux enroulés comme une coquille d’escargot.

Quand le signal sonore parvient à la cochlée, son mouvement entraîne des cellules ressemblant à des cils, les cellules ciliées. L’orthophoniste illustre : « Les cils vont bouger, comme des algues. La mécanique de ce mouvement va envoyer, par des processus chimiques, une information au nerf auditif sous forme de message électrique qui sera ensuite reçu et interprété par le cerveau. »

© Lucile LANDAIS
Illustration annotée d’un système auditif doté d’un implant cochléaire.

Surdités multiples

Lors de ces étapes, quelques rouages peuvent être altérés. Cela conduit à des surdités de différentes natures et intensités. Par exemple, une surdité de transmission concerne la partie externe ou moyenne de l’oreille, entre le pavillon et l’étrier. On parle de surdité de perception quand le problème vient de l’oreille interne. Transmission et perception peuvent être associées entraînant des surdités mixtes. Ces surdités peuvent également être classées de légère à profonde selon la perte auditive occasionnée. Elles peuvent être présentes à la naissance, évolutives ou brusques. Comme le souligne l’orthophoniste : « Il n’y a pas deux patient·es qui se ressemblent. Tout dépend de la pathologie de l’oreille mais aussi du nerf auditif et du traitement du son par le cerveau. Pour les enfants, l’âge du dépistage de la surdité et la précocité d’appareillage comptent, ainsi que les handicaps associés, la guidance parentale et l’installation d’une communication qualitative.»

Implant cochléaire

Lorsque la surdité est profonde et que les aides auditives classiques ne permettent pas ou plus de discriminer la parole, un autre appareil peut maintenant être proposé. Il s’agit de l’implant cochléaire. À l’extérieur de l’oreille, un micro capte le son, un processeur externe le transforme et une antenne le transmet à un processeur interne qui l’envoie à une électrode implantée au niveau de la cochlée. Quand le son parvient à l’électrode, celle-ci stimule le nerf auditif à la place des cellules ciliées.

Ce dispositif s’adresse donc à des adultes devenus sourd·es progressivement ou suite à un accident, ainsi qu’à de jeunes enfants. Pour les bébés, il faut agir vite. L’implant cochléaire doit être posé de préférence entre 10 et 18 mois pour stimuler le nerf auditif et permettre à l’enfant de développer son langage oral. « C’est fabuleux de voir un bébé ouvrir de grands yeux lorsqu’on le stimule pour la première fois au niveau auditif », confie Sylvie Lautissier. Elle ajoute : « Évidemment, cet implant ne sera bénéfique qu’accompagné d’une communication adaptée, orale et signée si besoin, dans le quotidien du petit. De plus, il reste un choix familial. Implanter un·e enfant sourd·e profond·e de parents sourds signants n’entre pas dans cette optique sauf situation particulière. » En effet, il y a bien des manières de communiquer et de se comprendre.

Lucile LANDAIS

À propos de Sylvie Lautissier

Sylvie Lautissier est orthophoniste. Spécialisée dans le domaine de la surdité, elle travaille tout d’abord au Centre de l’audition et du langage, à Mérignac. Elle fait également partie de l’équipe d’implantation cochléaire au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bordeaux. Enfin, cette femme passionnée transmet ses connaissances en tant qu’attachée de cours. En ce moment, elle présente des cours sur la prise en charge de l’enfant sourd à des étudiant·es en quatrième année d’orthophonie.

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